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La passoire nucléaire

Au moment ou Greenpeace vient de prouver, d’une façon non violente et magistrale, la totale inefficacité des services de sécurité nucléaire, s’introduisant en quelques minutes dans l’enceinte de 2 centrales nucléaires, il est temps de dénoncer le risque que font courir aux populations la proximité des centrales nucléaires.

L’opération commando des 9 militants s’est déroulée dans la matinée du lundi 5 décembre, vers 6h, au moment où les gardes nucléaires, profitant peut-être du répit dominical, ont baissé la garde, mais qui pourrait trouver une excuse à cette absence de vigilance, surtout lorsqu’il s’agit d’installations nucléaires. vidéo

D’autant que ce n’était pas une première. lien

militants greenpeaceLes militants de Greenpeace ont précisé : « nous communiquerons plus tard les détails, mais on a atteint le réacteur de la centrale de Nogent en 15 minutes, sans difficulté, en passant par la terre. Pas besoins de moyens surhumains (hélicoptères ou autres). Je précise qu’on n’avait pas les clés ! (…) on a atteint notre objectif  ». lien

Et puis le 6 décembre, on apprenait que 2 autres militants avaient réussi a passer 14 heures dans l’enceinte de la centrale de Cruas-Meysse. lien

Rappelons qu’il suffit qu’une alimentation d’eau de refroidissement pose problème, et que les groupes électrogènes de secours soient en panne, pour qu’un accident nucléaire majeur, comme on l’a vu a Fukushima, ne se déclare.

Or, en ne mettant qu’un petit quart d’heure pour pénétrer dans l’enceinte de la centrale de Nogent, malgré les barbelés, les défenses électriques, et la « vigilance » des forces spéciales, les militants pacifistes de Greenpeace ont prouvé l’insécurité du système.

Si l’intrusion avait été menée par un groupe terroriste, ils auraient peut-être eu le temps de provoquer la rupture du circuit de refroidissement, et de mettre aussi hors d’état de fonctionner les groupes électrogènes de secours.

Dès lors, on se retrouvait dans la même situation qu’à Fukushima.

Le réacteur, privé de circuit de refroidissement aurait commencé à chauffer, et comme les relais de secours des groupes électrogènes n’auraient pu fonctionner, le cœur du réacteur aurait fondu en moins de 3 heures, provoquant la catastrophe que l’on sait, qui aurait non seulement rendu ce territoire inhabitable pendant des dizaines d’années, voire plus, et provoqué l’exode de dizaines de milliers de femmes et d’hommes.

Mais on peut aller plus loin.

Le fameux EPR tant prôné par l’autocrate président souffre de nombreuses tares.

Comme l’a indiqué un rapport qui devait être tenu secret, cette installation « révolutionnaire » ne résisterait pas à la chute volontaire, ou pas, d’un avion de ligne, et présente des défauts de conception. lien

Mais ce n’est pas tout : une dépêche de l’AFP du 1er décembre 2011 raconte par le détail la visite surprise de 2 parlementaires qui ont découvert avec effroi que le personnel de secours avait été loin de réaliser les missions de sécurité qu’on leur avait imposé.

Claude Birraux, député UMP et président de l’OPECST (office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) s’était rendu pour une visite surprise à la centrale de Paluel.

A sa demande, l’ASN (autorité de sureté nucléaire) a simulé un accident similaire à celui de Fukushima, soit une perte totale d’alimentation électrique, et une panne du groupe électrogène de secours.

L’alerte fictive a été lancée à 22h.

A 23h30 les agents qui géraient la « difficulté » cherchaient une clé nécessaire pour ouvrir un panneau d’alimentation électrique.

Hélas, la clé était « en commande » et donc indisponible.

A minuit, l’équipe de choc pénètre dans le local électrique du réacteur n°1 et constatent que «  les indications du document de procédure ne correspondent pas au panneau électrique ».

Ils contournent la difficulté en décidant de se raccorder au réseau du réacteur n°3.

Ils ont un nouveau problème : le local n’est pas numéroté.

Il y a un doute (dixit le communiqué de l’AFP) les clés sur le panneau sont-elles mal étiquetées, ou bien sommes nous dans le mauvais local et comme le local n’est pas non plus numéroté, ça ne « facilite pas la manœuvre » a ajouté le député.

Agacement de l’ASN qui se plaint que « la procédure comportait « de nombreuses erreurs (…) lacunes (…) à l’évidence pas opérationnel ».

En même temps, un sénateur, Bruno Sido, vice président de l’OPECST mènait une opération convergente à la centrale du Blayais.

Il a fallu une demi-heure, et 4 personnes pour tenter de répondre à une situation de crise.

La question posée était « quel est le critère conduisant à l’arrêt du pompage d’eau en cas d’inondation  ».

Ces « professionnels de la sécurité » cherchaient en vain dans la rubrique «  pompage » une information qui était dans la rubrique « inondation ». lien

Rappelons au lecteur que cette même centrale du Blayais avait connu en 1999 des évènements graves qui avaient conduit Alain Juppé, alors maire de Bordeaux à envisager l’évacuation des plus de 200 000 habitants de la ville.

La catastrophe avait été évitée de justesse. lien

Quant au sénateur, Claude Sido, il est revenu sur l’intrusion de Greenpeace du 5 décembre déclarant « on peut toujours pénétrer dans un endroit interdit (…) la sécurité à 100% n’existe pas, des gens déterminés arriveront toujours à essayer de pénétrer » puis évoquant les inspections surprises au Blayais et à Paluel, il a constaté, concernant la centrale du Blayais « qu’ils ont mis une demi heure pour trouver la bonne procédure  », puis concernant la centrale de Paluel, il a ajouté qu’à Fukushima, « pendant plus de 2 jours ils n’ont rien fait  ». lien (régler le curseur à 29’)

Or, c’est totalement faux : devant la rupture du refroidissement, et la panne des groupes de secours, les Japonais ont tenté tout de suite, mais en vain de sauver la situation. lien

Nous savons maintenant que 3 petites heures après le séisme, le combustible du réacteur n° 1 avait totalement fondu. lien

Conclusion, si la situation provoquée à Paluel n’avait pas été un simple exercice, mais la réalité, nous aurions pu nous trouver dans la même situation qu’à Fukushima.

Mais Eric Besson ne retient qu’une chose : s’il était prouvé que des personnes non habilitées aient pu parvenir à pénétrer dans l’enceinte d’une centrale nucléaire, « cela veut dire qu’il y a eu des dysfonctionnements et qu’il faudra prendre des dispositions pour que ça ne se reproduise pas  ». lien

Il oublie de préciser que si ces personnes « non habilitées » avaient été animées de mauvaises intentions, il y aurait eu des sanctions pour quelques millions de français.

Henri Gaino, jugeant l’action « irresponsable  », a reconnu « que cela fait quand même réfléchir sur la sécurisation des accès aux centrales nucléaires (…) il va falloir en tirer les conséquences  ». lien

Sauf qu’il est probable que pour lui, comme pour l’autocrate président, il n’est toujours pas à l’ordre du jour de sortir du nucléaire.

A Fukushima, près de 9 mois après la catastrophe, TEPCO signale une nouvelle fuite radioactive de 45 tonnes d’eau (lien) mais selon d’autres informations parues dans « Fukushima Diary », il s’agirait en fait de 220 tonnes dont une partie se serait écoulée dans la mer.

Cette eau, contaminée à 45 000 Bq/L de césium, soit 300 fois plus que la norme, contient aussi 1 million de fois plus de strontium que la norme. lien

De toutes façon Tepco a fini par admettre le 4 décembre que les égouts de Fukushima communiquaient directement avec l’océan, ajoutant : « quand il pleut, le niveau de l’eau augmente, mais une fois la fin de la pluie, le niveau descend progressivement, ce qui signifie qu’il existe des fuites… ». lien

Quant aux lumières/feux (?) aperçues depuis plusieurs jours, d’après Arnie Gundersen, il y aurait une accumulation d’hydrogène à l’intérieur du confinement à Fukushima, laquelle serait due à la réaction en chaine, et aux « décompositions radioactives ».

Arnaud Gundernsen démontre que, lorsque il y a 2 parts d’oxygène pour 1 part d’hydrogène, de la vapeur d’eau se forme, créant beaucoup de chaleur et une explosion (lien) et c’est cette explosion qui a eu lieu dans le réacteur n°1, au début de la catastrophe.

Il est possible que la flamme que nous apercevons depuis quelques jours soit un feu d’hydrogène. lien

Pour l’instant, TEPCO continue d’envoyer de l’azote dans l’enceinte de confinement, afin d’éviter que l’oxygène ne se mélange à l’hydrogène et ne provoque l’explosion redoutée.

Gundersen conclut : «  tant que l’azote inerte et l’hydrogène se trouvent dans l’enceinte de confinement, tout ira bien  », impliquant que si ce n’était plus le cas…tout irait très mal.

Et il rappelle que le confinement de TEPCO est 2 millions de fois plus grand que la bouteille de plastique qu’il a utilisé pour son expérimentation.

Une telle explosion détruirait vraisemblablement définitivement ce qui reste de la centrale, et des centaines de tonnes d’eau radioactive seraient alors vaporisées dans l’atmosphère.

Comme dit mon vieil ami africain : « pour la carotte, le lapin est la plus parfaite incarnation du mal  ».

Merci à Corinne Py pour sa participation.

Olivier Cabanel

L’image illustrant l’article provient de « afp.com/Valery Hache »

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Des militants de Greenpeace s’introduisent dans la centrale nucléaire

L'organisation écologiste Greenpeace a annoncé ce lundi que des militants avaient réussi à s'introduire dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, située à 95 km au sud-est de Paris. 

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La centrale ou la bougie

La centrale ou la bougie

Nucléaire ou la bougie

Comparer la peur du nucléaire aux craintes suscitées par le progrès au Moyen-Âge, comme l’a fait Nicolas Sarkozy, est un «discours absurde», selon Jean-Baptiste Fressoz, historien du climat: ce n’est «intéressant (que) si on le prend en tant que symptôme, symptôme de la ténacité bête et obstinée des arguments technophiles les plus éculés».

Tous les poncifs nucléophiles étaient au rendez-vous du discours de Nicolas Sarkozy sur le nucléaire (centrale de Tricastin, 25 novembre 2011). Avec sa syntaxe inimitable et approximative, notre président s’emportait contre la possibilité de réduire la part du nucléaire dans la production électrique: «Il n’est pas le temps de revenir à l’époque du Moyen Age, des peurs moyenâgeuses où l’on se méfiait du progrès […]. On ne va pas retourner à l’époque de la bougie!»

Certes non. Entre «l’époque de la bougie» et le programme électronucléaire français des années 1970, quelques autres possibilités techniques se sont naturellement présentées. Et c’est précisément de cela qu’il faut discuter, sans anathème. D’un certain point de vue, la question du nucléaire n’est pas environnementale, elle n’est pas même celle du risque, pourtant avéré, de cette technologie. Elle est simplement économique: sur le long terme, une fois pris en compte le coût abyssal du stockage des déchets durant des milliers d’années et celui du confinement des anciennes centrales, le nucléaire paraît être une mauvaise affaire dont il convient de comparer la rentabilité avec les autres filières énergétiques.

Mais le but de cet article n’est pas de prêcher la diversité énergétique ou d’expliquer une fois encore le rôle tout à fait minime du nucléaire dans la réduction des émissions de CO2. Non, le discours absurde de Sarkozy est intéressant si on le prend en tant que symptôme, symptôme de la ténacité bête et obstinée des arguments technophiles les plus éculés.

Commençons par l’inusable bougie chère à nos nucléocrates. L’argument ne date pas d’hier. Il apparaît en effet en 1819 durant la grande controverse suscitée par le gaz d’éclairage. Cette technologie extrêmement polluante et dangereuse fut âprement discutée. D’un côté, les opposants s’inquiétaient du risque d’explosion des gazomètres (construits en ville) et défendaient l’huile d’éclairage produite à partir de colza qui présentait le mérite de fournir un combustible renouvelable. De l’autre, les industriels et les académiciens prônaient l’usage massif du charbon, qui devait entraîner le développement de l’économie française sur le modèle britannique. La bougie devient le symbole d’une lumière faible et dépassée. Dans ce débat, Nicolas Clément-Désormes, un chimiste renommé, professeur à l’Ecole centrale des arts et manufactures, proposa une évaluation sereine du gaz d’éclairage. Après un examen minutieux de son coût, il arriva à la conclusion qu’il valait bien mieux miser sur le perfectionnement technique des lampes à huile.

Le point est important et mérite que l’on s’y arrête: l’axe du temps scandé par les innovations n’est pas un axe de leur valeur. Le gaz d’éclairage avec sa débauche de gazomètres et de conduites souterraines ne fait qu’imiter de manière coûteuse la simplicité merveilleuse de la lampe à huile qui a en outre le mérite d’être légère, portable et de préserver l’autonomie des individus. Les notions d’innovation ou de progrès se retournent comme un gant: «Supposons que l’éclairage au gaz ait été le premier connu, qu’il soit partout en usage, et qu’un homme de génie nous présente une lampe à huile ou une simple bougie allumée. Que notre admiration serait grande devant une si étonnante simplification». (1)

A côté de la bougie, le deuxième argument historique que l’on trouve sans cesse sous les plumes technophiles est celui des peurs que nos ancêtres auraient conçues à l’endroit des premiers trains. Celles-ci ne manquent jamais d’être rappelées afin de discréditer les peurs irrationnelles que susciteraient, de nos jours encore, les innovations.

Par exemple, en 2004, alors que la controverse sur les OGM battait son plein, le PDG d’une start-up de biotech expliquait dans le journal Le Monde: «Les innombrables articles écrits pour faire peur à l’opinion publique pourraient alimenter un bêtisier du même niveau que ce qu’on a pu écrire au moment de l’apparition du chemin de fer». L’année précédente, le philosophe des sciences Dominique Lecourt dénonçait les «biocatastrophistes» en se référant à un atavisme technophobe: «En 1835, devant le chemin de fer, les membres de l’Académie de médecine de Lyon demandèrent solennellement: « Est-ce bien utile? N’avons-nous pas des moyens bien plus sûrs et naturels de nous déplacer? Ne risquerons-nous pas des atteintes à la rétine et des troubles de la respiration à grande vitesse, les femmes enceintes ballottées ne vont-elles pas faire des fausses couches? »». L’importance qu’a prise cet argument mérite que l’on s’y arrête.

Il s’agit en fait d’un mythe dont on peut suivre la naissance, l’embellissement et la propagation. En 1863, dans le compte rendu d’un livre sur les maladies professionnelles des cheminots, Louis Figuier, le grand vulgarisateur des sciences du XIXe siècle, compose un petit bêtisier médical sur les chemins de fer. Il mentionne, sans donner de référence, des accusations proférées par de doctes médecins: les chemins de fer causeraient des avortements, fatigueraient la vue et causeraient même des troubles nerveux. Quelles que soient les sources, sans doute imaginaires, de Figuier, on ne trouve nulle trace du rapport de 1835 mentionné par Dominique Lecourt. L’académie de médecine de Lyon n’a d’ailleurs jamais existé.

La construction du mythe se poursuit en Allemagne. En 1889, Heinrich von Treitschke mentionne, sans donner de références, un rapport de 1835 (même date que le pseudo rapport lyonnais) du collège médical de Bavière qui conseille d’interdire les chemins de fer car leur vitesse faramineuse pourrait causer un «delirium furiosum» aux passagers. Cette anecdote connaît un succès extraordinaire. On la retrouve dans une histoire des chemins de fer en 1912, dans Mein Kampf en 1922 (où Hitler s’en sert pour ridiculiser les experts), puis dans différents travaux historiques sur la révolution industrielle ou les chemins de fer des années 1960-80, à chaque fois mentionnée à propos des «résistances au progrès».

Le but de ces précisions historiques n’est pas seulement de démystifier le discours technophile. Elles pointent en effet vers deux conclusions importantes pour la compréhension des enjeux actuels.

Premièrement, les innovations majeures du XIXe, que ce soit la vaccination, la vapeur, l’industrie chimique, le gaz d’éclairage ou les chemins de fer ont suscité des controverses considérables. Si les oppositions ont généralement été contournées ou supprimées, elles ont néanmoins eu un rôle déterminant dans la sécurisation de ces technologies. Par exemple, les innombrables plaintes, procès et pétitions n’étaient pas contre les chemins de fer mais contre les accidents qu’ils provoquaient et contre les compagnies soupçonnées de faire des économies au détriment de la sécurité des voyageurs. La sécurité actuelle des systèmes ferroviaires est l’héritière de ces contestations.

Deuxièmement, le XIXe siècle, que l’on caricature en siècle du progrès, n’a pas été simplement technophile. Nous ne sommes pas les premiers à distinguer dans les lumières de la science, l’ombre de ses dangers. Par contre, il est vrai que les modernisateurs ont réussi à passer outre les oppositions, les dangers, et la conscience aiguë que l’on avait de ces dangers. Et cela doit nous garder de tout optimisme naïf quant au contemporain. La visibilité actuelle des controverses technologiques et environnementales ne signifie pas nécessairement que nous sommes à l’aube d’une maîtrise démocratique de la technologie ou d’une ère nouvelle de réflexivité environnementale. Dans les années 1970-2010, au milieu d’une période de haute technophilie (nucléaire civil, informatique, internet et émergence des biotechnologies), nombre de philosophes et de sociologues communiaient dans cet espoir sans réaliser combien l’artificialisation croissante du monde le rendait dérisoire.

Outre le récent discours de Sarkozy, les événements de cet automne en fournissent d’ailleurs une parfaite illustration: la menace d’une récession a immédiatement relégué les mauvaises nouvelles climatiques (pourtant autrement plus graves) aux entrefilets des pages centrales de nos journaux. De la récession actuelle, on aurait pu au moins espérer qu’elle résolve une petite partie de nos soucis climatiques. Mais non. L’intensité en carbone de l’économie augmente. On s’achemine vers une stagnation économique et une croissance des émissions. 2011 a ainsi établi un record dans ce domaine, +6% d’émission en un an. Si on reste à ces niveaux, selon les modèles climatiques ce ne sont pas 2 ou 3°C, mais +6°C qu’il faut anticiper pour 2100. L’apocalypse est devenue un fait divers.

En fait, loin d’être devenues réflexives, nos sociétés fétichisent comme jamais auparavant l’innovation: à propos du climat ou d’économie, elle semble devoir être le seul recours pensable. Que le vocable de progrès ait, de nos jours, perdu de son lustre révèle simplement l’acceptation générale de sa logique: dans les sociétés contemporaines de la connaissance, unanimement tendues vers l’innovation et la maîtrise technique, c’est faute d’ennemi que le progrès a perdu son sens politique.

Jean-Baptiste Fressoz, Imperial College, Londres.

(1) Pour les références voir Jean-Baptiste Fressoz, L’Apocalypse joyeuse, une histoire du risque technologique, Le Seuil, février 2012.

01 – 12 – 2011 Par Les invités de Mediapart

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Nucléaire : Besson bat Joly… sur le nombre de mensonges

Nucléaire : Besson bat Joly… sur le nombre de mensonges

Eva Joly, Eric Besson débat France2

Capture d’écran de l’émission « Expliquez-vous » du 30 novembre avec Eva Joly et Eric Besson

Le ministre de l’Industrie Eric Besson et la candidate écolo à la présidentielle Eva Joly se sont écharpés mercredi soir sur i>Télé et Europe 1, chacun rendant coup pour coup aux agressions de l’autre.

A une candidate attaquant sur les « bobards des nucléocrates », le ministre a répondu avec plus de calme, mais pas moins en verve :

« Je suis effrayé par votre rapport aux chiffres, aux faits et à la vérité. Dire que vous avez été juge d’instruction me donne froid dans le dos. »

L’auditeur ou téléspectateur avait de quoi être perdu, baladé entre les chiffres et les exemples. Nous avons vérifié les principaux points du débat sur le nucléaire pour vous aider à ne pas être plongé dans le noir.

1 – « Le nucléaire limite notre dépendance énergétique » (Besson)

 

 

Comme souvent, et comme Sarkozy, le ministre a tendance à confondre électricité et énergie. Or, si le nucléaire fournit les trois quarts de notre électricité, l’électricité ne compte que pour moins d’un quart de notre consommation d’énergie totale… Finalement, rappelle l’expert indépendant Mycle Schneider :

« La France est très dépendante au pétrole, et la consommation de pétrole d’un Français est supérieure à celle d’un Italien, d’un Anglais, d’un Allemand… Le mythe de l’indépendance énergétique grâce au nucléaire ne se retrouve pas dans les chiffres. Rappelons aussi que la France importe des KWh d’Allemagne (selon RTE). »

2- Energies renouvelables : « On n’est pas en retard sur le Grenelle » (Besson)

 

 

Selon l’ancien socialiste Eric Besson :

« On n’est pas en retard sur le Grenelle, on n’est pas à 10% mais à 12,8% d’énergies renouvelables, et on sera à 23% en 2020. La puissance de l’éolien a été multipliée par 4 sous Sarkozy, celle du photovoltaïque par 200. »

Le ministre a carrément sous-évalué la performance de son gouvernement puisque selon RTE, la part des énergies renouvelables dans la consommation nationale est de 14,1%, et que la prévision faite pour 2020 est de 21,3%.

Mais si l’on parle en valeur absolue et non relative, la capacité de la France reste très basse : la France ne compte qu’1 GW en photovoltaïque, contre 4 pour l’Italie, deuxième parc européen après l’Allemagne (toujours selon RTE).

Pour Karine Gavand, chargée de campagne énergie à Greenpeace :

« La première éolienne off-shore en France ne sera pas installée avant 2018, la fin du premier parc complet sera prête 2020… On aura du retard sur tous les principaux pays européens dans ce domaine. Pour l’éolien terrestre, le Grenelle prévoyait de multiplier par cinq la puissance éolienne en 2020, soit 8 000 éoliennes contre 2 500 existantes. Depuis, le gouvernement a signé l’arrêt de mort de l’éolien, sans parler du photovoltaïque tout aussi sinistré. »

3- « Le ménage allemand paie son électricité deux fois plus cher qu’en France » (Besson)

 

 

Pas deux fois plus cher, ni 25% comme lui a répondu Eva Joly, mais 29%, comme l’a rectifié Le JDD.

Certes, le KWh est plus cher en Allemagne, mais les Allemands consomment moins, notamment parce que leurs bâtiments sont moins énergivores.

Mycle Schneider n’a pas oublié la phrase de l’Ademe selon laquelle « trois millions de Français ont froid l’hiver », ce qui veut bien dire que le KWh a beau être moins cher, nombre de gens n’ont pas les moyens de se chauffer.

Le ministre a insisté, comme Nicolas Sarkozy à Tricastin, sur l’importance pour l’industrie d’avoir une électricité pas chère. Si cela était si crucial, remarque Mycle Schneider :

« Pourquoi un tel déficit de la balance commerciale pour la France, et pourquoi un tel excédent pour l’Allemagne ? »

4- « On ne paie pas le démantèlement et les déchets » (Joly)

 

 

La candidate se trompe puisque sur notre facture d’électricité, EDF prélève sur notre facture une part pour le fond de démantèlement… Sauf qu’on est encore incapable de chiffrer ce coût.

Pour l’enfouissement des déchets à vie longue, prévus sur le site de Bure, il en coûterait entre 16 à 35 milliards d’euros, selon les dernières estimations.

Comme le soulignait Benjamin Dessus, le président de Global Chance, le coût du démantèlement est estimé entre 15 et 750 milliards d’euros.

Pour Sophia Majnoni de Greenpeace :

« Le coût du démantèlement est prévu pour coûter 1% du prix de construction des centrales, en gros ça correspond à moins de 500 millions d’euros par réacteur alors que la centrale de Brennilis en cours de démantèlement depuis 25 ans, on en est déjà à plus de 400 millions d’euros, or elle a une puissance de 70 MWh, tandis que les centrales qu’on devra démanteler ont une puissance moyenne de 1 000 MWh.

A l’inverse, le Royaume-Uni a sorti une étude où est évalué le coût du démantèlement à 2,9 milliards d’euros par réacteur… donc plus de cinq fois plus que la France ! »

5- « Le prix du KWh avec l’EPR sera plus cher que l’éolien » (Joly)

 

 

Difficile de connaître le prix du KWh de l’EPR de Flamanville puisqu’il n’est pas terminé et que son coût estimé ne cesse d’augmenter (6,6 milliards d’euros pour l’instant). Il faudrait aussi savoir sur combien de temps l’investissement sera amorti.

D’après les calculs faits à la louche selon le coût estimé de l’EPR et sa puissance, il devrait produire une énergie à environ 75 euros le MWh.

Pour une éolienne, selon l’endroit où elle est installée, le prix du MWh coûtera entre 50 et 100 MWh.

6- « Un Français émet moitié moins de gaz à effet de serre qu’un Allemand » (Besson)

 

 

En pleine conférence de Durban, le sujet est brûlant. Comme Sarkozy s’en est aperçu récemment, le sujet est plus compliqué qu’il n’en a l’air.

Certes l’Allemagne émet plus de gaz à effet de serre mais elle exporte plus, donc il faudrait corriger le chiffre brut de la balance commerciale (ce qui serait défavorable à la France).

Attention aux raccourcis dangereux, avait souligné Yves Marignac, directeur de Wise Paris

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Tchernobyl : drôle d’anniversaire

Alors que les militants anti-nucléaires se préparent à commémorer l’anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, le tremblement de terre Japonais nous ramène à la triste réalité des dangers que représente l’industrie nucléaire.

La liste des 1500 victimes, ou disparus, déjà annoncées par les agences de presse japonaises pourrait s’allonger sous peu, car au sujet des centrales nucléaires touchées par le séisme du 11 mars 2011, la situation est loin d’être sous contrôle : le refroidissement de certains réacteurs touchés n’est pas encore assuré, et l’on pourrait peut-être assister à la fusion de l’un d’entre eux, tout comme à Tchernobyl il y a ¼ de siècle exactement.

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Nuage de Tchernobyl : Sarkozy doit s’expliquer

A deux jours de la date anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl (26 avril 1986), le Réseau « Sortir du nucléaire » demande à Nicolas Sarkozy de s’expliquer sur son (in)action à propos des conséquences du passage du nuage de Tchernobyl sur la France et sur sa part de responsabilité dans le mensonge d’Etat qui a été mis en œuvre à cette occasion et par la suite.

En effet, en 1987, quelques mois à peine après la catastrophe de Tchernobyl et la contamination de la France par le nuage radioactif, M. Sarkozy était Chargé de mission pour la lutte contre les risques chimiques et radiologiques au ministère de l’Intérieur [1].

Est-il possible qu’il n’ait pas eu à travailler sur les conséquences du passage du nuage de Tchernobyl sur la France ? Détectables encore aujourd’hui, la contamination du territoire était importante en 1987 [2]. D’ailleurs, à cette époque, la France agissait au niveau européen pour empêcher que ne soient prises des décisions d’élimination des productions alimentaires contaminées [3]. M. Sarkozy aurai-t-il participé à ces manœuvres ? Quelles étaient exactement ses missions à cette époque ?

 

M. Sarkozy, qui prétend dire toutes les vérités [4] et briser tous les tabous, ne s’est-il pas de lui-même posé des questions ? N’a-t-il pas entendu parler du nuage de Tchernobyl ?

Plus tard, M. Sarkozy a occupé le poste de ministre de l’Intérieur de mai 2002 à mars 2004, puis de juin 2005 à mars 2007 : il a donc eu largement l’occasion de prendre connaissance des informations sur les conséquences du passage sur la France du nuage de Tchernobyl et de les rendre publiques. Il n’en a rien fait.

Une telle mise au point est d’autant plus nécessaire que M Sarkozy s’est révélé être un infatigable promoteur de l’industrie nucléaire, que ce soit lors de son passage au ministère de l’économie (de mars à novembre 2004) ou lors de différentes interventions en tant que Président de l’UMP.

NB : Les associations membres du Réseau « Sortir du nucléaire » organisent ces jours-ci, un peu partout en France, des initiatives de commémoration de la catastrophe de Tchernobyl. En savoir plus : click !

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Sarkozy, Tchernobyl et la désinformation

Si cette nouvelle est confirmée, elle est absolument stupéfiante : Nicolas Sarkozy aurait été responsable des risques chimiques et radiologiques au ministère de l’intérieur en 1987, et à ce titre aurait été en charge du traitement des effets de Tchernobyl sur la population française.

Dans la mesure où les grands médias qui en auraient le moyen n’ont pas encore trouvé le temps ou le courage de nous informer sur ce sujet, et dans la mesure aussi où le « buzz » internet sur cette question doit être pris avec précaution, nous essayons ici de faire le tri entre certain et possible.

 

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