EPR : le contexte

Un rapport, publié fin août 2018, recommande au gouvernement la relance d’un programme de construction de centrales nucléaires, à savoir 6 réacteurs EPR en 2025 pour mise en service en 2035.

En septembre 2019, le gouvernement a donné à EDF une feuille de route pour « être en mesure de répondre à l’exécution d’un programme de construction de trois paires de réacteurs sur trois sites distincts ».

En 2020 : un projet de restructuration d’EDF est en cours de réflexion.
Un des projets consisterait à nationaliser le parc de centrales nucléaires d’EDF :
– pour le mettre à l’abri des soubresauts du marché et de la concurrence
– et le soustraire aux contrôles de l’Europe.

Le réacteur EPR de Flamanville a vu son coût passer de 3,3 milliards d’euros en 2007 à 12,4 milliards actuellement et sa livraison qui était prévue en 2012 se fera au mieux fin 2022.
Avec un coût de plus de 100 €/MWh, les EPR ne sont plus compétitifs par rapport aux éoliennes et aux parcs photovoltaïques au sol.

Dans ce contexte, la construction de nouveaux réacteurs EPR pour remplacer les anciens réacteurs ne sera possible qu’avec l’aide de l’État (et donc des contribuables), d’où le projet de restructuration d’EDF avec nationalisation du secteur nucléaire.

Suite à la demande faite par le gouvernement à EDF pour une feuille de route pour la construction de trois paires de nouveaux réacteurs EPR, il semble que le gouvernement a déjà quasiment pris la décision de construire ces trois paires de réacteurs, puisque de nombreux élus proches de sites nucléaires ont pris des vœux en fin d’année 2019 ou début 2020.

Dans le département de l’Ain, où est le site nucléaire du Bugey, c’est le cas des élus de la Communauté de Communes de la Plaine de l’Ain (CCPA) avec un vote à l’unanimité pour accueillir cette paire de réacteurs EPR pris en fin de séance du 12 décembre 2019.
Le Conseil Départemental du Département de l’Ain a suivi avec un vœu similaire adopté en séance du 16 décembre 2019 avec 38 votes pour, 3 abstentions et 3 refus de prendre part au vote des conseillers départementaux de gauche ainsi qu’une non participation de la Présidente de la Commission Locale d’Information du site nucléaire du Bugey.
Les communes de Saint Vulbas et de Loyettes ont fait de même.

Voir la vidéo « Sortir Du Nucléaire Bugey » : « Ces élus qui veulent de nouveaux réacteurs »

Lors de son interview sur le média d’information « Brut », le 4 décembre 2020, puis lors sa toute récente visite à l’usine Framatome du Creusot, le Président Emmanuel Macron s’est clairement positionné pour une relance du nucléaire à la fois civile et militaire en déclarant :
« Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire » … Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil »
même s’il est resté prudent sur l’hypothèse de nouveaux EPR français après celui de Flamanville, mais il a souhaité que l’étude commandée à EDF « s’achève dans les prochains mois afin que tous les éléments nécessaires soient disponibles avant la fin du quinquennat » en 2022.

Une décision pourrait ensuite être prise « au plus tard en 2023 lorsque Flamanville 3 sera entré en service ».

 

Vers un nouveau programme de construction de réacteurs nucléaire

Le Président de la République, Emmanuel Macron, et son gouvernement ont totalement bafoué la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte :

  • en conservant en 2025, autant de puissance nucléaire qu’aujourd’hui (deux réacteurs fermés à Fessenheim, soit 1 800 MW en moins, mais un EPR de 1 650 MW en plus si sa mise en route se fait
  • un report du mix de 50 % d’électricité nucléaire en 2035 qui ne sera obtenu qu’avec une très forte augmentation des exportations (26 % de notre production électrique exportée en 2035), sauf si notre consommation d’électricité s’accroît fortement (voiture électrique, numérique, retour du chauffage électrique, …)
  • un développement à minima des énergies renouvelables, pour respecter les obligations européennes
  • une prolongation de tous les vieux réacteurs nucléaires de 10 à 20 ans supplémentaires, sauf 12 qui seront arrêtés à partir de 2028, dont deux sur le site du Bugey.

En 2035, avec cette PPE, la production électrique sera encore assurée par un parc nucléaire très important (45 réacteurs) et très vieillissant, puisqu’une très grande partie des réacteurs auront 50 ans et plus. Ces vieux réacteurs vont devoir être remplacés et les énergies renouvelables n’auront pas été développées en conséquence. L’après 2035 est donc une grande inconnue !

La porte reste grande ouverte, après 2035, pour un futur programme de construction de réacteurs nucléaires (EPR ou autres) en remplacement des anciens réacteurs.

Dans le dossier sur la stratégie française pour l’énergie et le climat, on lit :

« Ainsi, afin de permettre une prise de décision sur le lancement éventuel d’un programme de construction de nouveaux réacteurs, le Gouvernement conduira avec EDF un programme de travail portant sur les questions de capacité industrielle de la filière, d’optimisation économique d’un nouveau modèle de réacteur, de stockage des déchets produits par un nouveau parc, de modèles de financement ainsi que de procédures réglementaires et juridiques (tant au niveau local que national et européen). Il s’articulera autour de la technologie de l’EPR, pour laquelle la France dispose d’une filière industrielle nationale en France et dans le monde. »


Sur la base de ces analyses qui devront être rendues mi-2021, il sera possible de prendre la décision de lancer ou non un nouveau programme électronucléaire. »

Tout laisse à penser que la décision est déjà prise et qu’on nous la cache.

Pour voir le diaporama « PPE 2019 et nouveau programme nucléaire », c’est ICI

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