Réacteurs EPR dans le monde

Sommaire (permet, d’un clic, de se rendre directement sur le chapitre voulu) :
   • EPR d’Olkiluoto (Finlande)
   • EPR de Flamanville (France)
   • EPR de Taishan (Chine)
   • EPR d’Hinkley Point (Angleterre)
   • EPR de Sizewell (Angleterre)
   • Synthèse (Coûts et Retards)

Le premier réacteur EPR a été construit à Olkiluoto 3 (Finlande)

Le maître d’ouvrage est la société TVO. Le chantier a démarré en 2005 pour une mise en service prévue en 2009.
Suite à de nombreux problèmes techniques, ce réacteur de 1 600 MW n’a été raccordé au réseau électrique que le 12 mars 2022, soit un retard de plus de 12 ans, et sa mise en service commerciale n’a eu lieu que le 1er mai 2023.
Son coût initial de 3 milliards d’euros est passé à 11 milliards et le consortium AREVA-Siemens a été amené à payer d’importantes pénalités (450 millions d’euros auxquels s’ajouteront 600 à 800 millions d’euros supplémentaires suite au démarrage reporté en mars 2022).

© Kallerna – Wikimedia Commons – CC BY 3.0

C’est une des causes principales qui a contribué à la quasi-faillite du groupe AREVA, en 2015, avec sa scission en trois morceaux pour un coût de 7,5 milliards d’euros aux finances publiques françaises (Le Monde 5 septembre 2020) :

  • 2,5 milliards pour la création d’Orano qui gère le combustible nucléaire ;
  • 3,0 milliards pour qu’EDF puisse racheter Framatome qui fabrique les réacteurs ;
  • 2,0 milliards pour conserver la structure AREVA SA pour solder le chantier de l’EPR d’Olkiluoto.

En 2021, la dérive des coûts entraîne dix milliards d’euros à la charge du consortium Areva- Siemens, solde financé en partie par l’État français (Le Monde 8 juillet 2021).

  
Depuis son démarrage ce réacteur a subi plusieurs incidents :

  • 16 octobre 2024 : baisse de puissance de 1 600 MW à 1 220 MW après qu’une des barres de contrôle soit tombée de manière inattendue dans le réacteur ;
  • 17 novembre 2024 : arrêt fortuit et brutal du réacteur EPR suite à un dysfonctionnement du système d’étanchéité hydraulique au niveau de la turbine, une des conséquences étant un impact important sur le réseau électrique du nord de l’Europe (très forte baisse de fréquence) ;
  • 10 mars 2025 : une fuite de liquide de refroidissement radioactif dans l’enceinte du réacteur suite à une erreur humaine.

  

Le second réacteur EPR est celui de Flamanville (France)

Le maître d’ouvrage est EDF. Le chantier a démarré en 2007 et la mise en service était prévue pour 2012.
Le chantier de ce réacteur de 1 650 MW a pr!s beaucoup de retard suite à de nombreux problèmes techniques et à de nombreux défauts de fabrication sur des pièces essentielles :

  • décembre 2007 : début du coulage du béton avec des fissures dans le béton de la plate-forme ;
  • des anomalies de fabrication (présence d’une zone de ségrégation majeure positive résiduelle du carbone) sur le fond et le couvercle de la cuve du réacteur déjà installée sur le site ;
  • mise à jour d’irrégularités de fabrication à l’usine Creusot Forge dissimulées grâce à des dossiers falsifiés (concerne l’EPR et tous les réacteurs déjà en service dont les 4 de Bugey).
    D’autres falsifications et fraudes ont été découvertes en 2023 par l’ASN avec pour certaines une instruction judiciaire est en cours ;
  • de nombreux défauts et « écarts de qualité » sur des soudures du réacteur, puis des problèmes avec le traitement thermique des soudures réparées.
  • démarrage autorisé par l’ASN le 7 mai 2024 avec obligation de remplacer le couvercle avant le 31 décembre 2024 (reportée depuis au premier arrêt du réacteur après environ 18 mois de fonctionnement) ;
  • depuis, de nombreux incidents, dont 16 de niveau 1 (échelle INES).

JKremona / CC BY-SA 4.0 / Wikimedia Commons

Ce réacteur a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, soit avec 12 ans de retard.
Sa mise en service commerciale n’a pas encore eu lieu.
Son raccordement au réseau électrique le 21 décembre 2024 était principalement une opération de communication d’EDF car ce jour-là, ce réacteur n’a pas produit d’électricité pour le réseau.

L’EPR a produit un peu d’électricité pour le réseau du 13 au 24 janvier 2025, puis du 5 au 15 février 2025, puis du 19 avril 2025 au 18 mai 2025, puis du 21 mai 2025 au 19 juin 2025.
Depuis, il est à l’arrêt jusqu’à, au moins le 1er octobre 2025.
Il s’agit de résoudre un problème sur les trois soupapes de sûreté du circuit primaire (réglages mécaniques par le biais de l’usinage de composants des soupapes).

Pour le moment, il n’a pas dépassé la puissance de 1 000 MW et sa mise en service commerciale, initialement prévue à l’été 2025, se fera au mieux fin 2025 ou début 2026.

Évalué à 3,3 milliards d’euros en 2006, le coût total de construction de cet EPR est aujourd’hui estimé à environ 23,7 milliards d’euros selon les calculs de la Cour des comptes (rapport 2025).

Rapports de la Cour des comptes sur les EPR :
• Rapport 2020 :
https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-filiere-epr
• Rapport 2025 :
https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-filiere-epr-une-dynamique-nouvelle-des-risques-persistants

Les troisième et quatrième réacteurs EPR de Taishan (Chine)

Ces deux réacteurs EPR de 1 660 MW sont construits en Chine sur le site de Taishan. Le propriétaire et exploitant de la centrale est la Taishan Nuclear Power Joint Venture Company Limited (co-entreprise entre CGNPC, Guangdong Yudean Group Co et EDF). Le maître d’œuvre est la CGNPC.
Le chantier a démarré en 2008 pour une mise en service initialement prévue en 2013 et 2014. Pour le réacteur Taishan 1, le raccordement au réseau électrique s’est fait le 29 juin 2018 et la mise en service commerciale, le 13 décembre 2018. Pour Taishan, c’était respectivement le 23 juin 2019 et le 7 septembre 2019. Pour ces deux réacteurs, le retard était de 5 ans et l’EPR de Taishan 1 est le premier EPR a produire de l’électricité.

Wikimedia Commons © EDF Energy

En 2021 : le réacteur EPR Taishan 1 connaît de sérieux problèmes de fonctionnement : dégradation d’une trentaine d’assemblages combustibles, avec des fuites d’environ 70 crayons, entraînant une forte contamination radioactive du circuit primaire.
L’origine serait des vibrations dues à une mauvaise hydraulique en fond de cuve.
En 2023, il est découvert des problèmes d’oxydation des assemblages de combustible.
Ces incidents conduisent à de longs arrêts de production du réacteur Taishan 1, comme on peut le voir sur le graphique ci-après donnant le taux de disponibilité.
Le réacteur de Taishan 2 semble aussi avoir été affecté, mais dans une moindre mesure.

Le coût initial pour ces deux réacteurs EPR était de 8 milliards d’euros (valeur 2015).
Au final, il a été de 12,35 milliards d’euros (valeur 2019).

  

Les cinquième et sixième EPR en construction à Hinkley Point (Angleterre)

En septembre 2016, EDF (à hauteur de 66,5%), et la compagnie chinoise China General Nuclear Power Company (à hauteur de 33,5%) signe le contrat avec le gouvernement britannique pour la construction de deux réacteurs EPR de 1 630 MWe chacun sur le site de la centrale nucléaire d’Hinkley Point.

Le contrat garantit un prix de 92,50 £/MWh de 2012 (105 €/MWh) sur trente-cinq ans (1), assurant initialement une rentabilité de 9,2 %. Ce prix est trois fois supérieur à celui du marché européen de l’électricité ce qui conduit l’Autriche et le Luxembourg puis 10 collectivités locales et fournisseurs d’électricité allemands et autrichiens à porter plainte devant la Cour Européenne de Justice, contre le gouvernement britannique pour cette aide d’Etat à l’énergie nucléaire, mais cette cour valide ce dispositif de soutien.

Hinkley Point 3 (projet 3D initial) – United Kingdom Open Government Licence v3.0

Le chantier de construction a débuté fin 2018 pour une mise en service prévue en 2025 pour le premier réacteur.
Depuis la construction cumule les retards et les dérapages financiers.
Le premier réacteur devrait être livré entre 2029 et 2031. Le second, un an plus tard.
Sur le plan financier, en 2013, le projet était évalué à 16 milliards de livres sterling (18,6 Md€). En juillet 2025, alors que le couvercle du deuxième réacteur vient d’être posé, le coût des 2 réacteurs est réévalué entre 41,6 et 46,5 milliards de livres, valeur 2024 (48,3 à 54 milliards d’euros).
Ces surcoûts sont supportés par le groupe nationalisé EDF, compte tenu du retrait de son partenaire chinois CGN en 2023. Ce projet devient un gouffre financier pour EDF.
Finalement le directeur financier d’EDF Thomas Piquemal qui avait démissionné d’EDF le 7 mars 2016 car il craignait que l’entreprise ne puisse pas financer à court terme la construction de deux EPR à Hinkley Point, avait sans doute raison.

(1) Si les prix du marché de gros sont inférieurs à ce niveau, la différence avec ce tarif garanti sera versée aux exploitants – et cette facture sera supportée in fine par les consommateurs.

  

Les septième et huitième EPR en projet à Sizewell (Angleterre)

Ce projet de deux réacteurs EPR de 1 600 MWh chacun est en gestation depuis 2016.
Il a été initié par EDF (80 %) et le chinois CGN (20 %), mais le gouvernement du Royaume Uni a souhaité écarter la Chine et il a proposé d’investir au côté d’EDF.
C’est chose faite. Le 22 juillet 2025, le gouvernement britannique valide sa décision finale d’investissement dans le projet Sizewell C à hauteur de 44,9 %.
D’autres investisseurs participeront à ce projet : la Caisse de dépôt et placement du Québec (20 %), le groupe énergétique britannique Centrica (15 %), le fonds d’investissement britannique Amber Infrastructure (7,6 %) et EDF (12,5 %).

Estimé à 20 milliards de livre sterling en 2020, ce projet va finalement être conclu à 38 milliards de livre sterling (44 milliards d’euros).

3D Generated image of the Sizewell C Nuclear Power Plant – ©gov.uk  (United Kingdom Open Government License v3.0)

Synthèse

Les graphiques suivants montrent la dérive des coûts de construction des EPR et les retards des chantiers.

Les réacteurs EPR dans le monde
La dérive des coûts de construction
Les retards de livraison

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